HUDDA et...
le developpement
economique et social
Le mot « développement » est l’un de ceux dont la signification est fluctuante selon non seulement la personne qui l’utilise mais également selon l’état d’esprit du moment. Il est donc à employer avec d’infinies précautions.
Dans la pensée européenne, il y a développement économique lorsqu’il y a transformation positive des conditions de vie à la fois d’une communauté et de chacun de ses membres. La positivité de la transformation est exprimable par différents indices (pouvoir d’achat, indice de santé, confort ménager, taux de scolarisation, etc.) mais elle peut être diversement appréciée par les uns et les autres. Le cadre moyen de Singapour ne pouvant s’offrir une voiture mais bénéficiant d’un environnement urbain sophistiqué a-t-il des conditions de vie meilleures ou inférieures comparées à celles du cadre moyen de Bangkok qui a un véhicule de standing lui permettant d’être bloqué dans les embouteillages ? Comment affirmer qu’une transformation est positive ou non ? La quantification du développement économique est difficile à réaliser : Keynes citait l’exemple de l’homme qui épouse sa femme de ménage et faisait ainsi baisser le Revenu national. Un critère permettant de décider qu’une transformation positive a lieu pourrait être le consensus des personnes concernées.
Mais ce consensus aura du mal à s’exprimer dans des situations paradoxales : en quoi la prolétarisation du paysan passant de l’autosubsistance villageoise à la situation de salarié urbanisé est-elle un élément de développement économique ? Le Produit National Brut augmente alors que les conditions de vie de la personne concernée se sont éventuellement dégradées. La richesse de la communauté s’est accrue grâce à l’augmentation de la production industrielle et des services payants liés à la vie urbaine. Des individus qui ne gagnaient rien en terme financier ont désormais un revenu. Pourtant, dans le village, ce peut être la détresse absolue : les jeunes vont à la ville et ne reviennent pas ; si les chefs de famille partent également, les champs ne sont plus cultivés et les femmes doivent assumer seules l’éducation des enfants en bas âge ; les vieux meurent sans avoir assuré le transfert des traditions orales.
Si l’appréciation du développement économique par les chiffres est difficile, un postulat reste incontournable : le développement - ou la transformation positive des conditions de vie - est lié au changement. Le développement est une dynamique ; il est le contraire de la stagnation. Cette dynamique est l’aspect fascinant et effrayant du développement ; elle oblige à entrer en permanence dans l’inconnu. La question du Pourquoi le développement ? est donc logique et légitime : pourquoi faut-il violenter les désirs de tranquillité et d’immuabilité présents en chacun avec au moins autant de force que le besoin de changement ? Le système éducatif des sociétés dites « modernes » contribue à perpétuer la division de la société entre ceux qui sont des facteurs de changement, ceux qui s’adaptent au changement, et les autres, destinés à consommer et à se taire.
Cette approche est loin des sociétés dans lesquelles la permanence du statu quo est considérée comme le signe d’une période heureuse. Dans une société conservatrice, les relations sociales y sont considérées comme bonnes si elles respectent un code historique. Le développement requiert d’introduire le mouvement dans un tissu social n’ayant parfois pas d’intermédiaire entre l’immobilisme et la destruction. Ce mouvement n’est pas séduisant a priori car il passe par des phases de sacrifice à court terme.
C’est le rôle du politique de permettre de tels arbitrages sans retirer au développement son humanisme. Le risque est élevé : le court terme faisant apparaitre des conditions de vie jugées dégradées par rapport au passé, on peut vouloir refuser la logique du développement et avoir recours au vertige de l’idéologie. Jusqu’à aujourd’hui, il n’a été trouvé qu’un seul chemin pour arriver à un arbitrage acceptable : considérer que l’économique et le social ne forment qu’une seule discipline. Le facilitateur du changement doit apporter les outils permettant des liens heureux entre l’individu, la communauté et le changement.
HUDDA se propose d’accompagner les acteurs du changement pour que les populations concernées y trouvent des raisons de considérer l’avenir avec confiance.