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HUDDA et...

L'agriculture

Une des utilisations principales des lacs de grands barrages est l’agriculture irriguée. Cette irrigation nécessite le plus souvent des stations de pompage pour alimenter des terres sur les plateaux surplombant les vallées. Des systèmes gravitaires peuvent aussi conduire l’eau vers des terres situées en aval du barrage, à une altitude inférieure à celle du lac. Ces terres sont souvent destinées aux communautés déplacées, qui vivaient auparavant sur des espaces submergés par le lac. Néanmoins, elles sont parfois déjà appropriées par d’autres communautés, qu’il faut donc prendre en compte dans la mise en œuvre des aménagements.

 

Ces systèmes d’amenée et d’irrigation peuvent être d’échelles variables. Souvent, ils se déploient sur de vastes surfaces, de plusieurs milliers d’hectares, et concernent des centaines, voire des milliers de familles. Ces grands aménagements hydrauliques nécessitent des coûts d’investissement et de gestion importants. Il est donc avant tout crucial de s’interroger sur l’opportunité d’une telle entreprise. Pour qu’elle soit durable, il faut que le porteur du projet soit prêt à s’investir pendant plusieurs dizaines d’années, parfois à perte, car les communautés locales, seules, ne peuvent pas assurer les coûts d’entretien et de renouvellement des infrastructures.

 

Une multitude de petits systèmes d’amenée, irriguant chacun quelques dizaines d’hectares, peut aussi être envisagée. Cette solution a l’avantage de mieux correspondre aux capacités de gestion et d’entretien des communautés locales, qui peuvent à ce titre rapidement se réapproprier les infrastructures. Néanmoins, elle nécessite une régulation de l’accès aux eaux du lac, pour éviter une surexploitation ou un partage injuste entre les communautés.

 

Dans les deux cas, les systèmes et les échelles de partage et de gestion des ressources sont modifiés, et un nouvel acteur entre en scène, pour réguler l’accès ou gérer les aménagements. Il est donc nécessaire d’accompagner tous les acteurs pour qu’ils s’adaptent aux changements : les nouvelles organisations gestionnaires et régulatrices, qui doivent respecter les structures communautaires et agraires traditionnelles, pour ne pas aggraver la rupture technique avec une rupture sociale trop radicale ; les communautés déplacées, qui doivent intégrer un nouvel acteur encadrant la gestion de l’eau agricole et s’adapter aux nouvelles techniques d’irrigation ; les communautés hôtes, qui doivent acquérir les capacités d’accueillir les communautés déplacées sur leur territoire et de profiter du changement technique.

 

Quelles que soient les techniques d’amenée adoptées, il est préférable de reproduire les systèmes de culture pratiqués traditionnellement dans la région pour éviter une rupture technique trop profonde. Certaines adaptations sont indispensables, notamment parce que la mise en irrigation implique une modification de la structure des sols. Mais pour favoriser l’adhésion des populations locales, il vaut mieux réduire les changements au strict nécessaire. En particulier, il faut éviter l’imposition de cultures d’exportation, qui noient les territoires dans la mondialisation et font perdre leurs repères aux communautés locales. Prévoir en revanche l’implantation d’usines de transformation des produits agricoles locaux permet de mieux valoriser le terroir grâce à un développement véritablement intégré.

 

Hudda accompagne tous les acteurs pour qu’ils s’adaptent à ces changements. Elle organise la consultation des communautés locales sur leurs aspirations et mène des enquêtes sur les systèmes sociaux et productifs traditionnels. Elle fait ensuite remonter ces informations aux structures gestionnaires pour que ces dernières intègrent ces paramètres dans leur cahier des charges, et prennent une décision éclairée sur l’opportunité du développement de l’irrigation. Elle peut rédiger un plan de développement socioéconomique, dans lequel sont précisées les modalités techniques, agraires et sociales des futurs périmètres irrigués, et prévoir éventuellement le couplage avec d’autres activités économiques.

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